Le côté obscur de la forêt

La forêt n'est pas uniquement un lieu de joie, de ressourcement, de romantisme ou un espace de vie biologique merveilleux, elle est en même temps un endroit mystérieux, de confrontation avec soi-même, avec la sensation de perdition, de peur, donc, un endroit pouvant déclencher chez l'homme, caché des regards des autres, des angoisses diffuses. Les deux photographes Harald Schönhoff et Alexander Bold représentent ces côtés obscurs et la perception antithétique de la forêt par leurs approches différentes mais présentant toutefois des points communs.

Dans son œuvre, Harald Schönhoff se réfère au mysticisme et cherche à créer de nouvelles réalités en dehors de la réalité existante. Au niveau technique, il préfère réaliser des photos avec des temps d'exposition longs, lui permettant, en bougeant l'appareil pendant la prise de vue, d'obtenir une représentation à forte résolution voire abstraite de l'image. Le traitement numérique ainsi que l'intégration d'humeurs personnelles ou d'influences musicales, sont également utilisés dans la création de l'image. Le résultat se manifeste par des photos expressives, floues, surréalistes et abstraites qui dégagent une ambiance sombre.

Le langage imagé d'Alexander Bold pourrait être qualifié de concret à conventionnel. Généralement, ses sujets sont des installations et sculptures laissées en place se transformant de manière involontaire en œuvres d'art sous l'influence de forestiers, architectes, agriculteurs, jardiniers mais encore ingénieurs et industriels ou bien par la nature elle-même. Par le processus photographique, il adoube ces sujets et objets trouvés ainsi libérés de leur fonction, comme formes et environnements absurdes, étranges et féeriques et ce, avec un humour particulièrement fin. Le point commun entre les deux artistes est le processus de transformation par distorsion de la perception du monde extérieur et intérieur du spectateur – souvent sous l'influence sous-jacente de l'eschatologie.