En plein air

Apparu au début du XIXème siècle en Angleterre, le terme de plein air désigne la pratique de l'artiste dans la nature. Celle-ci atteint son apogée technique et populaire à travers le mouvement des impressionnistes français. Dès lors, les artistes ne sont plus contraints à rester dans l'atelier et peuvent maintenant emporter avec eux un matériel portatif. C'est grâce à l'invention de la peinture en tube que les artistes pourront travailler en extérieur, pour pouvoir s'intéresser à une nature en perpétuelle évolution. Les artistes russes vont également adopter l'amour du travail sur la nature entamé par les impressionnistes. La peinture de plein air a acquis une valeur telle, qu'elle est devenue l'un des principaux axes d'enseignements de l'école académique soviétique et russe.

En tant qu'artiste ayant suivi une formation universitaire, Evgenia Buravleva a consacré une partie de son travail à l'étude de la nature et du paysage. Cette artiste va se pencher sur l'aspect fugace et spontané de la couleur et ses changements dans le paysage. La beauté du paysage insaisissable incarne un manifeste pour la peinture impressionniste et appelle à profiter de la contemplation d'une nature dissoute par son caractère diaphane. L'artiste propose ici une nature aérienne et diffuse, une nature traversée d'une impression de sérénité. L'espace de la toile apparaît comme un espace d'accueil bienveillant.

Notre époque contemporaine, est une période de mouvement perpétuelle, participant à un système de cinétique infinie, pour reprendre les mots de Peter Sloterdijk. La société nous mobilise sans interruption, l'acte de création apparaît comme le moyen de sortir de ce système et de faire une pause. Finalement l'artiste donne l'opportunité au spectateur de pouvoir s'arrêter et de figer le temps. Tout ce qui compose le passage semble stagner pour permettre une temporalité contemplative et ainsi accorder au spectateur d'observer le monde qui l'entoure. La peinture de Evgenia Buravleva déclenche un second souffle, une nouvelle respiration venant purifier l'espace que la toile occupe et le regard du spectateur qui souhaiterait s'y ressourcer.