L'art et les sciences entretiennent une relation d'influence mutuelle depuis plusieurs siècles. On observe dans chacun de ces domaines la même dynamique exploratoire : artistes et scientifiques repoussent sans cesse les limites de leur domaine par la découverte de nouvelles formes, de nouvelles technologies. En outre, les artistes vont, jusqu'à aujourd'hui, suivre l'enrichissement technique dont nous faisons preuve. Ainsi, ils peuvent manipuler des techniques traditionnelles pour largement les adapter aux nouvelles technologies de communication. L'artiste s'insère dans les nouvelles stratégies des réseaux, car celui-ci est conscient des enjeux de la diffusion de sa pratique.
Malgré le bénéfice d'une communication à grande échelle, les nouveaux outils médiatiques induisent un questionnement sur leur utilisation au quotidien. L'époque contemporaine montre ici que nous sommes perpétuellement en contact avec la technologie numérique. Ce constat soulève une domination de ces outils dans tous les registres conçus par l'Homme. Il faudrait donc s'interroger sur la valeur de l'insertion de ces nouvelles technologies dans le registre de l'Art.
La technique de l'impression illustre parfaitement une position problématique et ambivalente vis à vis de l'imagerie traditionnelle qu'on lui octroie et du renouvellement qu'elle va proposer au moyen du numérique. Cette exposition a pour objectif de mettre en avant d'anciennes et de nouvelles techniques d'impressions. L'espace fera alors cohabiter la gravure à l'eau-forte l'aquatinte, la lithographie, l'offset, la sérigraphie, le photopolymère, le cyanotype, la linogravure, le dessin au crayon et le dessin digital.
Bien que l'art moderne cherchait à résoudre la question de l'identité de l'artiste au moyen de son expressivité, l'immensité de monde restait placée dans un espace restreint, celui de la toile. Peut-on encore parler de cohabitation et de combinaison du local et du global au moment où les médias surpassent l'action de monstration et de représentation du monde ? Auparavant, l'art résolvait ces tâches, mais le registre de l'image s'est diversifié, sa création ne concerne plus uniquement les artistes. Le style de l'artiste est, de ce fait, déconstruit : nous ne pouvons plus penser l'artiste seul, détenteur d'une marque uniquement personnelle. Il est plus important que jamais de penser aux frontières personnelles et collectives et à leurs significations.
De ce fait, l'art moderne devient lui-même traditionnel. Il est détenteur de règles, de sujets, d'une esthétique qui lui sont propres. L'artiste qui s'y insère travaille autour de ses caractéristiques, se prête au jeu de ce type de représentation. Mais s'il souhaite évoluer, l'artiste doit proposer un nouveau protocole pour surpasser l'esthétique dans laquelle il se situait. Le créateur n'est plus contraint par des lois plastiques, il est désormais entièrement maître du choix de son processus de création et des matériaux qui l'accompagne.